Top 10 2018
Dans
l'idée de poursuivre ce blog, voici mon top 10 de l'année 2018
accompagné de quelques notes critiques pour les 5 premiers films de ce classement.
Hallucinatoire et envoutant, impression chamanique qui se
dégage des décors et des dialogues aux accents poétiques et incantatoires, la
flore de l’île de la métamorphose vue comme une huitre tellurique, des limbes
provoquant les plaisirs de la chair, éminemment symbolique et esthétique. Le
romantisme noir nuancé par l'idée du carnavalesque dont parlait l’essayiste Pacôme Thiellement (crédité au générique de fin) dans un article manifeste pour les Cahiers du Cinéma titré
Entre le Pop et la Mort, prend corps de manière éclatante tout au
long de cette traversée obscure, charnelle et psychédélique.
2. Coincoin et les z'inhumains, Bruno Dumont
Version paroxystique de P'tit Quinquin, le burlesque et l’absurde
sont au cœur de tout un lot de dérèglements, Bruno Dumont bouscule le gentil
petit ordre des séries en forçant sciemment le trait au moyen de jeux de
répétition, de bégaiements, de mimiques. Incroyables commandant Van Der Weyden
(nom d’un peintre flammand !) et son lieutenant Rudy Carpentier faisant
des cabrioles avec sa citroën C4. Un esprit carnavalesque traverse le film de bout en
bout, final en apothéose.
3. Bohemian Rhapsody, Bryan Singer
Projet chaotique tout du long qui à l’arrivée irradie autant
qu’il explose de bonnes ondes en un biopic épique. Plus qu’un hommage à Freddy
Mercury, c’est la musique et son partage qui sont au cœur. Plaisir de voir se
cabrer, déambuler sur scène, jouer avec son micro-guitare, l’artiste de Queen.
Même si la face sombre liée à la drogue et à la maladie semble esquissée, Bryan
Singer parvient à faire ressentir les forces qui animent et tiraillent le
chanteur dans un élan vital terriblement rock. C’est ce qui compte. Rami Malek
est extraordinaire.
Toni Collette, Gabriel Byrne, Milly Shapiro, Alex Wolff et
Ann Down vus dans The Leftovers, sont tous formidables, c’est peut-être grâce à
leur interprétation que le film prend une ampleur dingue. Le film pourrait se
casser la gueule à tout bout de champ, mais l’édifice tient en déjouant
certains artifices sans doute grâce à une mise en scène intelligente où
coexistent de multiples visions d’horreur et une musique redoutablement
inquiétante. Film cauchemardesque dans la lignée de Rosemary’s Baby et L’Exorciste, on en ressort avec des images fortes.
5. Phantom Thread, Paul Thomas Anderson
Amours phénix ou passion amoureuse au bord de la
destruction. La mise en scène d’une sobre efficacité met on ne peut mieux l’accent
sur la relation tumultueuse entre le créateur Reynolds Woodcock et sa muse Alma.
De cette fragile histoire d’amour « ne tenant qu’à un fil », les
acteurs D.D Lewis et Vicky Krieps parviennent à en donner une grande intensité.
La musique toute aussi expressive tient également une place de choix. Certaines
séquences accentuent brillamment les tiraillements et les failles auxquelles le
couple est confronté.
6. Call Me By Your Name, Luca Guadagnino
7. Hostiles, Scott Cooper
8. Ready Player One, Steven Spielberg
9. La Forme de l'Eau, Guillermo del Toro
10. Pentagon Papers, Steven Spielberg
Mention spéciale à la série de Mike Flanagan, The Haunting of Hill House. Dans
la lignée de ses précédents films le réalisateur parvient à allier
émotions, horreur et fantastique. Cette plongée ténébreuse et lugubre dans la
vie des Craine, oscillant entre passé et présent, surprend de nombreuses fois.
Il faut souligner la richesse picturale de la série dont certains plans se
trouvent le plus souvent baignés dans des tons clair-obscurs, des couleurs
désaturées et des lumières diffuses rappelant les tableaux de Goya et de
Delatour ou dans un registre plus tourmenté et symbolique ceux d’Arnold Böcklin,
de Turner et de Friedrich. Rien que ça !
Au détour de ce soucis esthétique s’insère parfois
de véritables visions d’horreur, des transitions ingénieuses et des arrières-plans
inquiétants où s’immiscent des silhouettes fantomatiques et des paréidolies si
elles en sont !
Image : "Les Garçons Sauvages" Bertrand Mandico, 2018
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